Mais pourquoi est-il si important d’écouter ses émotions ?
– F.A.Q. –
1 – Qu’est-ce qu’une émotion ?
Une émotion est une information sensitive caractérisée que notre corps nous envoie pour nous dire quelque chose sur nos besoins de base. Elles nourrissent notre conscience, elles nous donnent de l’énergie et nous font ressentir le fait d’être un être vivant.
2 – A quoi sert-elle ?
Une émotion est une information et a une fonction : celle de nous informer de quelque chose relié à nos besoins de base. Agréable, elle nous informe qu’un besoin de base est satisfait. Désagréable ou difficile, elle nous informe qu’un besoin de base est en difficulté. Et l’émotion est donc comme un appel à remédier à cette situation pour restaurer ou maintenir l’équilibre interne du corps (homéostasie). Le système émotionnel est ainsi un système d’adaptation ancien.
Par exemple, lorsque nous ressentons de la peur, notre corps nous informe que notre besoin de sécurité (besoin de base) est en difficulté et que nous devons restaurer la satisfaction de ce besoin (se sentir en sécurité).
3 – Comment cette information circule ?
L’émotion est sensitive. C’est une sensation et non une idée ou une pensée. De part sa nature sensitive, une émotion, ça se se ressent. Et nous ressentons à partir de notre corps. Ainsi, bien qu’immatérielle, l’émotion appartient au domaine corporel. C’est donc en étant présent à notre corps que nous pouvons ressentir nos émotions et ainsi faire circuler l’information qu’elle contient.
4 – Une sensation caractérisée ?
C’est une sensation caractérisée : à la différence des simples sensations qui ont un éventail très ouvert, l’émotion se caractérise par une sensation précise que nous savons reconnaître facilement : la peur, la joie, la tristesse, la colère.
5 – Et ça va où l’émotion ?
Comme toute information, l’émotion va d’un émetteur vers un récepteur. L’émetteur est notre ventre (le système nerveux entérique), la zone d’où émerge nos émotions et a pour récepteur la zone du Cœur où réside notre Conscience. Les émotions circulent ainsi du bas vers le haut. Ce dont témoigne notre ressenti lorsque nous sentons la colère nous monter en nous, les larmes nous submerger, etc. Voici ci-dessous le schéma corporel qui illustre ce fonctionnement :
6 – Pourquoi bloque-t-on ses émotions ?
Nous bloquons nos émotions car en montant jusqu’au Cœur, celles-ci vont venir perturber notre capacité à pensée et nos capacité à élaborer des stratégies d’action. Essayez de réfléchir lorsqu’une colère monte, vous verrez c’est impossible ! La montée de l’information émotionnelle vient momentanément perturber notre Conscience et nuit ainsi à notre capacité à réfléchir qui a besoin de stabilité pour le faire. Rappelez-vous lorsque sous l’effet d’une forte émotion, « vous ne savez plus où vous habitez », « vous êtes pas capables de réfléchir, » etc.. Ainsi, pour penser, nous devons avoir une Conscience claire, non perturbée par cette montée émotionnelle.
7 – Et pourquoi les bloque-t-on si souvent ?
La première raison est liée aux situations de stress vécues. Face à ce besoin d’adaptation aux situations nouvelles que nous rencontrons, nous bloquons la montée émotionnelle « pour garder la tête froide » de manière à élaborer une stratégie d’action visant à justement à nous adapter. C’est une héritage ancien de l’évolution des humains où lorsque arrivait une situation de danger, nous devions élaborer rapidement une stratégie d’action (fuir, attaquer, « faire le mort ») pour y faire face. Les changements trop rapides, l’insécurité socio-économique et désormais climatique peuvent nous mettent en stress chronique et donc rendre tout aussi chronique ce blocage de nos émotions.
La seconde raison est d’ordre culturelle : comme la plupart de nos activités sont d’ordre intellectuel, elles demandent donc une attention posée, une Conscience stable. Pour être en capacité de mener nos tâches quotidiennes à dominante intellectuelle, nous sommes ainsi toutes et toutes porté-e-s à bloquer nos émotions de manière chronique et quotidienne. De ce point de vue, l’école où les apprentissages intellectuels sont ultra-dominants et survalorisés, constitue en quelque sorte aussi un lieu d’apprentissage néfaste de blocage de ses émotions, même si des initiatives ici ou là cherchent à revenir sur ce fait.
La troisième raison est liée à une insécurité intérieure produites par des blessures souvent liées à notre enfance : nous maintenons à distance cette insécurité en bloquant la montée émotionnelle. Nous désertons en quelque sorte notre corps (où nous sommes plus facilement en contact avec ces émotions) pour ne résider que dans la sphère mentale (celle de la stratégie d’action). Nous sommes alors dans un état de survie où l’exil de soi constitue la manière d’être au monde.
Bref, lorsque nous sommes constamment dans des activités intellectuelles, toujours dans l’action ou bien dans une situation d’insécurité chronique, nous allons bloquer tout aussi constamment nos émotions pour maintenir une conscience toute orientée vers notre pensée et l’action. Et nous sommes nombreux à être dans ce cas de manière chronique…
8 – Et comment bloque-t-on ses émotions ?
Nos émotions naissent dans le ventre (le « cerveau entérique ») en direction du Cœur, zone de notre conscience. Nous bloquons ainsi nos émotions en bloquant le chemin qui va de notre ventre à notre cœur, c’est-à-dire la zone haute de notre abdomen, et plus précisément notre diaphragme thoracique. Concrètement, c’est en réduisant le mouvement de notre diaphragme thoracique qui permet, en autres, une respiration ventrale.
Très concrètement, nous bloquons nos émotions en réduisant notre respiration à une respiration thoracique ou « haute », opposée à une respiration ventrale ou « basse ». Faites cet exercice : respirez avec une respiration ventrale pendant quelques secondes (gonflez le ventre à l’inspire et laissez le redescendre à l’expire). Concentrez-vous maintenant sur un sujet précis ou sur une situation insécurisante. Instantanément, vous pouvez observer que vous vous mettez à respirer par le « haut » en cessant cette respiration ventrale : votre ventre se fige.
Plus précisément, la réduction du mouvement du diaphragme a pour but de bloquer le plexus solaire qui compose une sorte d’écluse (avec les hypocondres servant de bord de l’écluse) entre le ventre et le Cœur, écluse que l’on peut fermer et ouvrir. C’est pour cela que l’on ressent souvent une tension forte au niveau de plexus solaire en cas de stress : cela indique le verrouillage de la montée émotionnelle.
9 – Que se passe-t-il lorsque nous bloquons nos émotions ?
Faute de pouvoir monter jusqu’au Cœur, les émotions restent alors dans la partie inférieure au plexus solaire et transforment alors le ventre plus ou moins rapidement en zone de tensions. En effet, tant que l’information émotionnelle n’a pas réussi à « monter au Coeur pour informer notre conscience, notre corps continue d’envoyer ce message et cette information s’accumule donc dans notre ventre faute de trouver une voie : peu à peu nous sentons notre ventre se charger et se transformer en cocotte-minute. Cette situation contribue à installer ou renforcer une insécurité interne, comme si nous étions assis sur un volcan prêts à exploser. Nous dépensons alors beaucoup d’énergie à maintenir fermer le couvercle de cette cocotte-minute.
10 – Et pourquoi mon mental s’agite tant quand j’ai des émotions ?
La tension qui s’accumule dans notre ventre provoque donc une sensation de stress, avec cette impression d’être assis sur un volcan. Face à cette sensation, notre mental va chercher à diagnostiquer cette situation de tension pour élaborer une stratégie d’action adéquate visant à la réduire.
Mais de part son fonctionnement qui justement induit de bloquer la montée émotionnelle, tenter de répondre à la tension émotionnelle par le mental contribue paradoxalement à la maintenir à à l’augmenter. C’est en quelque sorte une voie sans issue.
De plus faute d’être informé correctement par nos émotions quand à nos propres besoins, notre conscience ne peut que produire un diagnostic erroné aboutissant à des stratégies d’action vouées à l’échec. Notre mental retente ainsi un nouveau diagnostic et des stratégies d’action qui seront toujours aussi erronés : c’est le cycle enfermant de la rumination de pensée qui s’enclenche.
11 – Que faire alors ?
Chercher à répondre par le mental aux problématiques émotionnelles semble donc voué à l’échec. C’est ce que l’on fait lorsque l’on commence par rechercher une solution à une situation émotionnelle compliquée : nous élaborons une stratégie basée sur un mauvais diagnostic faute d’avoir accueilli par la bonne information (émotionnelle) et donc s’en être nourri.
En réalité, lorsque l’on demeure dans le mental, le but de la stratégie consiste plus à supprimer la tension que l’on ressent et non pas à satisfaire les besoins en difficulté à l’origine de cette tension. Par exemple, lorsque nous avons peur, nous allons chercher à faire partir ou à éliminer cette peur plutôt que de répondre à notre besoin de sécurité qui s’exprime au travers de cette peur. Ce qui n’est pas du tout la même chose…
Or, c’est bien en cherchant à satisfaire le besoin qui s’exprime dans l’émotion présente que cette montée émotionnelle cessera et par conséquent cette tension émotionnelle.
Nourrie par cette émotion, notre conscience sera à même de fournir à notre mental un diagnostic pertinent de la situation que nous vivons : et mental qui saura, n’en doutons pas, élaborer cette fois-ci une stratégie d’action pertinente pour satisfaire le besoin en difficulté exprimé dans l’émotion.
Ainsi donc, ressentir ses émotions, c’est se donner la possibilité d’établir une stratégie d’action basée sur un diagnostic pertinent car bien informé (nous sommes conscients de nos besoins). C’est une autre manière de dire que ressentir ses émotions permet de faire les bons choix pour construire sa vie en phase avec ce que nous sommes.
12 – Et concrètement ?
Lorsque nous avons bloqué depuis plus ou moins longtemps une ou plusieurs émotions, il faut d’abord faire cesser cette tension avant de pouvoir ressentir cette émotion. Pour cela, il est nécessaire et important de se retirer dans un endroit où nous nous sentons en sécurité et où nous savons que nous ne serons pas déranger. Voilà comment procéder :
Phase 1 : Décharger la tension émotionnelle, comme si nous faisions sauter le bouchon ou le couvercle posée sur nos émotions. Cette phase est une phase de gestion de crise en quelques sorte : nous libérons ou expulsons le trop-plein. Ce trop plein émotionnel qui a, en quelque sorte, macéré trop longtemps dans notre ventre est devenu illisible, l’information est brouillée et n’est plus intégrable. C’est plus une bouillie émotionnelle qu’une information utile : on peut s’en débarrasser par des exercices de décharge émotionnelle. En voici un décrit ici : Le cri du Cœur
Phase 2 : Ressentir ce qui est présent. Débarrassée de cette tension émotionnelle, nous allons pouvoir rentrer plus posément en ouverture et en accueil avec nos émotions. L’émotion étant une sensation, nous allons donc chercher à ressentir l’émotion présente en mode « accueil » : non pas aller l’écouter (une volonté encore toute mentale) mais plus simplement juste créer les conditions d’accueil et pour dans un second temps ressentir ces émotions en étant juste présent à ce qui est présent. Vous trouverez dans l’article : Accueillir ses émotions.