Ralentir…
Dans une société où tout s’accélère depuis plusieurs décennies, évoquer le besoin de ralentir, suscite des réactions contradictoires : si peu de personnes s’oppose au fait qu’effectivement tout va désormais trop vite, tout est trop rempli, trop dense, trop agité, imaginer ralentir nous met bien souvent dans une situation d’inconfort : mais si je ralentis, je ne serais plus dans le coup, je risque le décrochage professionnel, l’exclusion sociale.
Ce chantage au « train raté », typique d’une conception moderne du temps (la flèche du temps qui file…) est portant délétère pour notre santé physique et mentale. Nous ne pouvons pas être en permanence dans cette dynamique. Tout organisme a besoin de temps de récupération et d’intégration au risque que « se cramer » comme disent les rescapés des burn-out. L’hiver est la saison de ces processus essentiels : je ralentis pour me ressourcer et intégrer l’année passée et me permettre de repartir dans de bonnes conditions au printemps.
D’accord, mais comment faire ?
Se coucher plus tôt : La première chose est de suivre le rythme naturel en se couchant tôt, non pas dès que la nuit arrive mais assurément pas après 22h30. N’ayez crainte : l’épisode suivant de la série en cours en survivra sans peine, tout comme le dernier article ou chapitre essentiels de votre livre ! Si vous l’avez oublié, les longues nuits de sommeil restent et demeurent la solution la plus efficace et naturelles pour retrouver de l’énergie.
Travailler moins : les cadres structurant le travail ont éclaté durant ces dernières décennies, ouvrant la voie à toujours plus de temps consacré à notre activité professionnelle : c’est à nous désormais de savoir poser nos propres limites car, dans bien des cas, personne d’autre le fera à notre place. Savoir dire non, respecter un cadre temporel posé préalablement, apprendre à reporter ou à déléguer le cas échéant constitue tout aussi bien que la liberté, ce que l’on appelle l’autonomie au travail(qu’elle soit volontaire ou imposée). Dans la grande majorité des cas, le ciel qu’on imagine s’écrouler suite à de telles décisions reste bien en place là-haut…
Moins remplir sa vie : nous sommes la plupart du temps dans le trop-plein. Ralentir peut signifier alors se délester, s’alléger de projets, même s’ils sont indéniablement sympathiques. Mais aussi faire du vide, ou simplement ne rien faire. Le vide dans la tradition taoïste est ce qui permet le mouvement, le renouvellement, le changement et même la condition de la liberté contrairement à l’occident qui l’a liée à l’abondance. Évidemment réduire sa consommation, qui est parfois une bonne manière de remplir quelque peu illusoirement sa vie, est une ambition à mettre en œuvre qui, en outre, prend tout son sens dans le contexte environnemental très dégradé qui est le nôtre.