Du Shiatsu détente au Shiatsu de Soutien
Le Shiatsu s’est développé à partir des années soixante-dix en France et plus globalement en occident au regard de ses qualités relaxantes. Qualités que cette technique possède indéniablement et de manière très profonde. Pour ceux et celles qui l’ont testé en séance, c’est souvent l’effet premier et immédiat que l’on ressent tant au niveau physique que mental ; un apaisement de l’esprit auquel se joint la sensation de réintégrer enfin son corps…
Le Shiatsu pour « déposer l’armure »
Cette détente nous permet bien d’autres choses que le seul état de bien-être : comme je le souligne souvent en soin, elle permet de « déposer l’armure », celle dont on s’arme pour affronter le quotidien ou les difficultés de la vie (maladie, rupture affective ou professionnelle, décès d’un proche etc.). Bien souvent, à force de s’en parer, nous faisons nôtre cette armure. Nous percevons et ressentons désormais ainsi le monde à travers son poids et la rigidité qu’elle induit parfois.
Encombrés ainsi, nous réduisons malgré nous nos capacités à produire les réponses adéquates aux situations auxquelles nous faisons face. Un peu comme un soldat blessé et fatigué, nous nous figeons parfois jusqu’à l’épuisement ou la maladie, dans la répétition des mêmes postures de combat. Le repos, la prise de recul, le déplacement de points de vue, l’écoute et l’accueil de nos émotions et la compréhension de nos besoins profonds n’ont pas leur place sur un champs de bataille.
Le mental est celui qui dicte et insiste sur la nécessité de la bataille à mener. C’est donc par le corps que l’on trouve la voie pour échapper à cette logique combative et épuisante. Au-delà des symptômes pour lesquels les personnes viennent, le Shiatsu est ainsi une proposition pour sortir momentanément de ce champ de bataille et déposer enfin cette armure bien pesante.
Armures de samouraï, issus de l’exposition « Samouraï, 1000 ans d’histoire du Japon » au Château des Ducs de Bretagne – Nantes – Été 2014
Le Shiatsu à la rencontre de nos modes de vie actuels
En élargissant son audience, le Shiatsu sort de sa seule dimension relaxante pour rencontrer les tensions propres à nos modes de vie occidentaux : mouvements et agitation incessants, concurrence généralisée et obligation de performance, insécurisation socio-économique, sans évoquer l’alimentation erronée, les pollutions et addictions diverses, etc. Toutes ses caractéristiques peuvent être qualifiées de « Yang » dans la terminologie de l’énergétique chinoise, le Yang renvoyant à la tension, le Yin à la détente. La dimension relaxante du Shiatsu semble ainsi particulièrement adaptée et pertinente comme réponse aux tensions et situations de stress produites par nos modes de vie. Le Shiatsu permet en quelque sorte de « détendre » le Yang ou de le « disperser » selon la terminologie de la Médecine Chinoise Traditionnelle.
Le mental est celui qui dicte et insiste sur la nécessité de la bataille à mener. C’est donc par le corps que l’on trouve la voie pour échapper à cette logique combative et épuisante. Au-delà des symptômes pour lesquels les personnes viennent, le Shiatsu est ainsi une proposition pour sortir momentanément de ce champ de bataille et déposer enfin cette armure bien pesante.
Ceci est vrai superficiellement mais cette vision semble désormais être dépassée aux regards des situations et enjeux actuels que nous rencontrons. En effet, le quotidien de ma pratique en cabinet ne me met pas véritablement en face de personnes tendues. L’agitation de nos modes de vie ne procure de la tension qu’à un niveau superficiel. Ce sont avant tout des personnes épuisées que je reçois en soin. L’excès de Yang (trop de combats, si l’on veut reprendre la métaphore guerrière) produit d’abord une vide d’énergie par l’absence de temps de repos et de reconstitution de nos réserves (l’énergie Yin). Le mouvement de fond est donc bien plutôt celui de l’épuisement généralisé.
Si l’on se place dans les interactions entre le Yin et le Yang qui permettent une approche à la fois plus dynamiques et profondes des processus, le « Yang prépondérant » entraîne « une diminution du Yin », voire son épuisement si la situation, comme souvent, perdure. C’est ce que l’on appelle également en Médecine Chinoise Traditionnelle le « faux Yang » ou le « Yang apparent », c’est-à-dire en réalité un « vide de Yin ». C’est cet état d’agitation mal contrôlée que nous connaissons tous et toutes quand par exemple nous sommes trop fatigué-e-s pour réussir à s’endormir ou à se reposer. C’est ce qui explique sans doute également le recourt grandissant aux excitants et autres drogues légales ou non pour tenir et masquer plus ou moins momentanément cet épuisement.
La tension yang, visible, cache souvent un vide de Yin
Le Shiatsu de Soutien
Dès lors, la dimension relaxante (détendre ou disperser le Yang) du Shiatsu devient nettement insuffisante pour répondre aux besoins profonds des personnes qui viennent en séance. La plupart du temps, la visée de détente ne suffit plus car derrière ce désir de relaxation se trouve un état de fatigue ou d’épuisement tel que la personne n’a plus assez de ressources pour remonter la pente elle-même. La plupart du temps l’objectif premier consiste désormais à rétablir les conditions pour que le corps puisse être en état de reconstituer ses réserves énergétiques. C’est ce qui m’a conduit dans ma pratique en cabinet à passer d’un Shiatsu de détente à un Shiatsu que j’appellerai Shiatsu de Soutien.
Un Shiatsu de Soutien car dans ce contexte de fatigue ou d’épuisement, c’est un Shiatsu qui vise avant tout à soutenir et à nourrir l’énergie du patient et à permettre au corps du patient de relancer sa capacité à récupérer. La plupart du temps, la détente n’est donc plus l’objectif final ou premier mais intervient comme un moyen pour permettre au corps de se placer dans une situation de récupération et de reconstitution de ses réserves.
Un Shiatsu de Soutien où les tensions ne sont pas dispersées mais d’abord considérées et écoutées dans ce qu’elles manifestent ou témoignent (une tension au niveau des trapèzes signifiant par exemple la tendance à « porter le monde sur ses épaules », une douleur à l’épigastre indiquera une émotion non digérée, etc.), Aussi, la détente ne viendra pas d’une force extérieure (par exemple une pression forte des mains ou des doigts du praticien) pour en quelque sorte contraindre ou provoquer la détente en faisant disparaître ce que le corps nous dit, mais d’un shiatsu qui nourrit et sécurise indiquant ainsi au corps qu’il lui est possible de relâcher la tension, le besoin à l’origine de sa manifestation étant satisfait.
Un shiatsu de Soutien par la proposition en fin de séance, d’outils divers et variés à intégrer dans la vie quotidienne du patient (Étirements ou exercices de Qi-gong, conseils alimentaires, exercices respiratoires ou de méditation, pistes de lecture ou de réflexions…) qui permettent de prolonger et d’intensifier les effets de la séance et surtout d’installer durablement les transformations nécessaires à un nouvel équilibre global.
Un Shiatsu de Soutien en plaçant au côté du patient qui reste le moteur premier de ce processus de transformation vers un nouvel équilibre et vers une nouvelle autonomie plus globale : physique, émotionnelle, psychique…
Est-ce que les pressions sont elles aussi efficaces que l’accupuncture ?
L’acupuncture et le shiatsu reposent sur la même approche de la santé et sur une vision globale de l’être humain. Elles ont le même objectif : équilibrer l’énergie vitale, et relancer/stimuler les grandes fonctions du corps. Pour le toucher, le ressenti du praticien joue un rôle important en shiatsu.Le shiatsu travaille sur l’ensemble des méridiens ; l’acupuncture traite des points particuliers.En shiatsu, il y a fusion du diagnostic et du traitement : chaque pression détermine l’état énergétique et le traite en même temps.